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A l’initiative de CO3 conseil, s’est déroulée le 23 Mai 2012 une journée consacrée au phénomène de la concertation et à son interaction avec le Développement Durable. Plusieurs sessions se sont succédées, au cours desquelles des intervenants de différentes appartenances (entreprises publiques, privées, administration publique, professionnels de la concertation, sociologues et membres de la Commission Nationale du Débat Public) ont exposé leurs points de vue au travers d’expériences personnelles et professionnelles. Les discussions et présentations ont couvert un large spectre de sujets, allant de l’utilité du débat public et la finalité de la concertation, à son articulation avec les enjeux du développement du territoire, en passant par la question de la temporalité dans la construction de l’intelligence collective et les métiers de la concertation.

♣ Le principe de concertation n’est finalement plus si polémique que cela l’a été il y a quelques années. Il semble avoir été assimilé dans les mœurs puisque la quasi-unanimité des intervenants s’est accordée à défendre ce principe. Le récit d’anecdotes où les maîtres d’ouvrage ont échoué dans le processus de la concertation, ou ont refusé le débat, a permis aux invités d’illustrer le coût parfois très élevé voire l’échec massif généré par l’absence de concertation ou débat public. La concertation s’avère également nécessaire dans la transformation de l’objet technique, qui, alors investi d’une valeur sociale, ressort de ces discussions complexifié avec des options enrichies et une finalité clarifiée. En plus d’être un processus qui touche à la démocratie, le débat public démocratise l’objet technique en lui donnant des dimensions parfois inattendues et accessibles à des personnes qui au premier abord n’auraient été intéressées ni par le projet ni par le débat. Enfin, plusieurs intervenants ont insisté sur  la transformation de la société et la modification des rapports de force induite par la concertation.

Les maîtres d’ouvrage se retrouvent en situation de co-responsabilité sur un territoire, et en cas de comportement trop fermé, l’entreprise sera mise à l’amende par ses pairs. Du côté des citoyens, la concertation est aussi l’occasion de mutualiser les connaissances et compétences via la création de groupes de travail et d’associations. Plusieurs intervenants ont exprimé leur surprise (et parfois leur désarroi) quant au niveau très élevé des débats, dans lesquels les citoyens s’élevaient au rang des experts. En ce sens, la concertation permet de générer une intelligence collective qui dans le meilleur des cas ne dure pas seulement le temps du débat ou de la concertation.

♣ L’intelligence collective a été définie comme une capacité d’ouverture et d’écoute des différents intérêts en jeu. C’est également une forme de coopération puisqu’il s’agit de construire un projet commun avec des positions différentes. Enfin, le temps joue un rôle primordial dans la construction de cette intelligence collective. D’une part car les projets proposés contiennent une large part d’incertitude, qui se résorbe avec le temps ; d’autre part, car il faut du temps pour que les différents acteurs apprennent à se connaître, à établir une certaine confiance et puissent trouver des compromis satisfaisants.

La concertation est donc un processus qui doit s’établir dans le temps et dans la continuité. Certains intervenants ont évoqué la modification des structures internes des entreprises maîtres d’ouvrages, générée par les processus de concertation. Les plus zélés ont évoqué l’intégration de la concertation/débat public au sein même de leur stratégie d’entreprises : la prise de connaissance avec les parties prenantes s’établissent très en amont du projet, les discussions voire les associations avec les citoyens sont donc amorcées très tôt, et continuent bien après la fin du projet, afin de générer au maximum cette intelligence collective qui permet en particulier aux maîtres d’ouvrage d’inscrire leurs projets dans une démarche de développement durable du territoire.

♣ Le développement durable recoupe trois aspects : économique, social et environnemental. La partie économique d’un projet semble être l’aspect le moins abordé dans les débats publics, puisqu’il est plus difficile à expliquer aux citoyens mais aussi parce qu’il peut dépasser le périmètre du territoire directement concerné. En revanche, la valeur sociale est, selon les différents intervenants, le sujet au cœur des discussions. Un projet c’est d’abord une idée, mais c’est également une rencontre avec un territoire et ses enjeux. La valeur du projet pour les citoyens dépendra de la dimension sociale apportée à l’objet technique. En cela, une discussion en profondeur avec les parties prenantes, au travers d’un débat public en particulier, permettra de déterminer comment le projet peut accompagner le développement du territoire. Le retour sur certaines expériences de concertations et débats publics bien menés, expliquées par les intervenants, laissent entendre qu’un processus de continuité entre projet, développement durable et territoire s’est avéré plusieurs fois efficace, et fait l’envie de nombreux voisins européens.

Encore une fois, la valeur temps de la concertation a été soulignée. En effet, les maîtres d’ouvrages sont appelés à rester durablement (projets sur 50 ou 60 ans) dans un territoire, établir un lien de confiance avec le territoire en amont et dans la continuité est un investissement pour l’avenir et les projets futurs. C’est un véritable travail de préparation qui est maintenant demandé aux chefs de projet dans les entreprises: établir une cartographie des acteurs et du territoire, se déplacer pour aller à la rencontre des parties prenantes, concerter les autres maîtres d’œuvre afin de synchroniser de façon appropriée les projets (co-responsabilité).

S’est alors posée la question de savoir s’il existait ou non des métiers de la concertation, et à quelles compétences ces métiers faisaient appel. Plusieurs avis se sont opposés sur cette question. Tous s’accordent à dire qu’un chef de projet (ingénieur) a besoin d’un aide-communiquant qui puisse traduire les aspects techniques du projet en langage intelligible pour les citoyens. D’après plusieurs intervenants, ni les métiers d’ingénieur, ni les métiers de la communication ne suffisent à assister le maître d’œuvre à la concertation. Ce rôle de facilitateur nécessite en réalité de recouper plusieurs compétences, allant de l’animation à la communication, en passant par des compétences sociologiques (sciences humaines), analytiques (comprendre les enjeux, le contexte), organisationnelles (création de groupes de travail) et administratives (secrétariat, rédaction de compte-rendus). Partant du principe que la concertation a pour vocation d’améliorer le projet, les métiers de la concertation font appel à de nombreuses compétences permettant de rendre possible ce résultat. A cette vision d’une formation spécifique et d’un véritable métier et de la concertation s’est opposée une autre vision, selon laquelle l’assistant à la concertation a pour unique rôle de retranscrire et vulgariser le projet en tant qu’objet technique. Selon ce point de vue, il n’y aurait donc pas de métier de la concertation à proprement parler, seulement une compétence de communication (et de secrétariat). Dans ce cas, une compétence journalistique pourrait être particulièrement appréciée, comme l’ont précisé les auditeurs.

En conclusion, les intervenants se sont tous accordés à reconnaître un lien entre la concertation et le développement durable, puisque celui-ci est intrinsèquement lié à la société civile, qui doit être partie prenante des transformations proposées. Comme l’ont fait remarquer certains intervenants, les modes organisationnels classiques qui fonctionnaient avant deviennent peu à peu contre-produtifs avant l’évolution de notre environnement (raréfaction des ressources naturelles). Il faut maintenant passer à un mode organisationnel transversal qui utilise l’intelligence collective comme moteur.

Et cette intelligence collective peut être générée au travers de la concertation et de débats publics, où les parties prenantes feront valoriser l’expérience et le bon sens face à la domination des experts techniques. L’enjeu est donc de pouvoir passer de la concertation, qui est avant tout un dialogue, à une co-construction voire une collaboration du maître d’ouvrage avec les citoyens afin de permettre au mieux un développement durable des territoires.

© 2020 Horisis Conseil    |    7ter cour des petites écuries 75010 PARIS    |    01 44 88 80 50
Depuis 2005, Horisis Conseil mène des missions de conseil et d’accompagnement en management des organisations pour des entreprises industrielles.
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